C'est l'ensemble des processus de réception et de traitement des informations sensorielles par le cerveau.
En effet, notre cerveau reçoit en permanence des informations provenant de nos 7 sens : aux 5 sens les plus connus (toucher, goût, ouïe, odorat et vision) s'ajoutent :
La proprioception : des capteurs sensoriels situés dans nos muscles, nos tendons, nos os et nos articulations renseignent le cerveau sur la position des différentes parties du corps les unes par rapport aux autres.
Le sens vestibulaire : les récepteurs sensoriels de l'oreille interne envoient des messages au cerveau concernant la direction et la vitesse de nos mouvements et déplacements.
Le cerveau doit ensuite organiser et traiter ces informations pour produire une réponse adaptée (mouvement, posture, comportement).
Les troubles d'intégration sensorielle
Troubles de la modulation sensorielle Le cerveau ne doit pas traiter toutes les informations sensorielles lui parvenant de la même façon, car certaines sont plus importantes que d'autres. Chez un nouveau-né, le cerveau traite tous les stimuli sensoriels comme s'ils avaient la même importance. Mais en grandissant, grâce aux expérimentations, il va apprendre à faire le tri entre les stimuli qui sont importants ou pas, dangereux ou pas, etc.
C'est le processus qui nous permet par exemple de faire abstraction d'un bruit de fond pour se concentrer sur une conversation ou une tâche en cours. Chose que nous avons plus de difficulté à faire lorsqu'on a une migraine ou qu'on est fatigué, car la capacité de notre cerveau à faire ce tri est diminuée.
Les troubles de la modulation sensorielle peuvent se traduire par une hyposensibilité ou une hypersensibilité. L'hypersensibilité se traduit généralement par une réaction excessive et/ou trop fréquente, un évitement des lieux et situations inconfortables (par exemple la toilette, le brossage de dents, le coiffeur, certains aliments, ...). L'hyposensibilité par un manque de réaction à un stimuli (bruit, douleur, etc.) ou la recherche de sensation (produire des sons, vocaliser, mettre des objets à la bouche, pica, renifler des objets ou des personnes, recherche constante de mouvement, tourner sur soi, se balancer, se taper contre des objets ou des murs, se faire tomber volontairement, ...).
A noter que les seuils de sensibilité sont extrêmement variables d'une personne à l'autre, d'un sens à l'autre (on peut par exemple être hypersensible à la lumière et hyposensible au bruit) et même d'un moment à l'autre (un enfant peut présenter à la fois des signes d'hypo- et d'hypersensibilité).
Les personnes autistes sont également souvent sujets à au phénomène de surcharge sensorielle. La modulation n'étant pas suffisamment efficace, les informations provenant des différents sens ne sont pas ou mal filtrées, et la personne va se sentir submergée par la quantité et l'intensité des stimulations qui lui parviennent toutes en même temps.
Troubles de l'intégration multisensorielle Nous recevons en permanence des informations provenant simultanément des différents sens. Notre cerveau doit donc coordonner, trier, prioriser, filtrer ces informations pour y donner du sens et pouvoir organiser une réponse motrice, posturale, comportementale adaptée. Lorsque l'intégration des informations sensorielles, notamment vestibulaires, proprioceptives et tactiles, ne se fait pas correctement, la personne a des difficultés à planifier et organiser ses gestes, à en apprendre et en exécuter de nouveaux, à les généraliser et les automatiser, et/ou peut présenter des troubles posturaux. Un trouble d'intégration multisensorielle peut aussi entraîner des difficultés attentionnelles, le cerveau ne parvenant pas à filtrer les informations. L'enfant aura des difficultés à se focaliser sur la voix de son enseignant puisqu'il doit faire abstraction des bruits de fond, des affichages, de ce qu'il se passe dans la cour, ...
Je ne parle ici que les troubles les plus rencontrés, mais il existe d'autres types de troubles sensoriels, comme les troubles de la discrimination sensorielle ou les synesthésies, ...
La rééducation en ergothérapie
L'ergothérapeute évalue et rééduque les troubles de l'intégration sensorielle. La méthode a été développée par J. Ayres, ergothérapeute et docteur en psychologie du développement et neurosciences américaine dans les années 60-70. Une évaluation complète permet de déterminer le profil sensoriel de l'enfant, et de construire un programme de rééducation personnalisé avec des objectifs pertinents : ajuster les niveaux de sensibilité pour réduire les troubles sensoriels (et les éventuels troubles du comportement qui peuvent en résulter), améliorer l'intégration des informations sensorielles et la qualité des réponses posturales, motrices et comportementales. Les méthodes de rééducation sont basées sur une expérimentation multi-sensorielle, notamment des sens tactiles, vestibulaires et proprioceptifs, grâce à l'utilisation de matériel spécialisé (ballons géants, hamacs de rééducation, planches à roulettes, etc.). L'ergothérapeute conseille souvent aussi des stratégies à mettre en place dans les différents lieux de vie de la personne (domicile, école, travail, ...), un programme de "diète sensorielle", des jouets adaptés au profil sensoriel de l'enfant pour l'aider à développer ses capacités et élargir ses centres d'intérêt, ou des programmes d'habituation sensorielle destinés à mieux supporter les stimuli vécus comme désagréables.